Construite comme une invitation au voyage, tantôt sensorielle, tantôt mémorielle, cette série nous offre un sentiment de mouvement permis par les ouvertures et les jeux de perspectives. L’artiste se confronte autant qu’il se découvre dans un espace diffus, oscillant entre lignes à l’épure stricte et les projections vaporeuses où quelques éclats de lumières se font bribes d’un souvenir autant que d’un espace en constante (re)construction. Les rapports entre l'intérieur et l'extérieur sont prégnants, appuyés par des surgissements de lumières et des aplats de noirs profonds, donnant l'impression d'une mise en abyme – sinon d’un plongeon dans un intérieur physique, mental puis intime.
Dans cette série, l'environnement spatial apparaît parfois cloisonné, polarisé ou fragmenté. La présence du photographe dans ces lieux vides sinon peuplés d’ombres se veut indécelable, faisant ainsi douter de sa nature tangible et réelle dans ce monde qu’il nous renvoie. Où sommes-nous alors ? Dans une projection mentale ? Dans un monde fantasmé ou plutôt un amoncellement de filtres indifféremment oniriques ou manifestes ?
Dans ces espaces, une forte dualité s’en dégage ainsi, révélant de nombreux couples d’opposés. Ces états de dualités et de dédoublements paraissent à la fois complémentaires, en conflit ou se superposant sans jamais parfaitement s’imbriquer. L’artiste se révèle alors au travers de ses doutes, du doute d’être à soi autant que d’être au monde.
En explorant nos pensées les plus intimes et les transformant en langage, nous bâtissons autant que nous découvrons ces paysages mentaux à la beauté, la complexité et la profondeur aussi chancelante que ne l’est l'expérience humaine. De cette manière, ces dialogues intérieurs offrent une exploration poétique de l'esprit et finalement de l'être. Une spiritualité infiniment personnelle qui cherche à s’absoudre d’une temporalité tant cyclique qu’en constante mutation. Ainsi, les dialogues appartiennent non pas à ceux qui les prononcent ni à ceux qui les reçoivent tels quels mais plutôt à ceux qui, satisfaits de passer leur vie à en recoller et recomposer les éclats, parviennent enfin à les éprouver et être à eux-mêmes.